C’est un dilemme que je rencontre régulièrement et je vais vous partager comment je réagis dans différentes situations.
À titre personnel d’abord. J’observe que, d’une manière générale, on vit dans une culture où on prévoit les choses à l’avance, où on s’organise avec d’autres à l’avance, … Régulièrement, je prends des engagements pour dans quelques jours ou quelques semaines. Et dans l’instant présent, au moment où cette action est prévue, parfois j’ai moins l’élan et je suis tiraillée entre :
- l’importance que j’accorde à la parole donnée (je me suis engagée à être là)
- l’importance que j’accorde à prendre soin de moi dans l’instant présent en fonction de ce qui est vivant.
Et pour moi, ce n’est pas évident d’arbitrer entre l’un et l’autre sans faire toujours passer les autres d’abord et m’oublier moi-même au passage… J’ai finalement trouvé cette astuce : quand je m’engage à faire quelque chose et que je ne suis pas tout à fait sûre, je le dis : « ok pour samedi après-midi, mais je préfère te reconfirmer ça samedi matin ». Ainsi, ça me laisse cette petite marge pour réajuster confortablement sns rompre mes engagements.

Voici maintenant un exemple à titre professionnel. Dans le cadre de mes animations, formations, coachings, etc : pour moi c’est évident que je vais m’adapter à ce qui se présente. C’est-à-dire que, par exemple, mes participants attendent autre chose que ce que j’ai prévu dans mon déroulé, ou à un autre moment, ou pas dans le même ordre. Plutôt que de leur demander de faire l’effort de suivre ma logique, c’est plutôt moi qui vais m’intéresser à ce qui les intéresse, pour les rejoindre là où ils en sont.
Ça peut aussi aller plus loin. Récemment j’avais un groupe de managers qui étaient dans une période difficile et ils avaient besoin de lâcher prise, de se défouler un peu : ils avaient tendance à « faire les clowns » pendant la session. Et j’étais tiraillée entre les recadrer pour aborder les sujets prévus, et en même temps je me disais : « on est là pour faire du développement personnel, pour aller vers du mieux-être… Eh ben justement, là, ils ont besoin d’être accueillis et d’avoir un espace pour prendre du recul sur ce qu’ils vivent. » En réalisant cela, j’ai fait le choix de laisser un espace où ils ont pu libérer les tensions sous une forme joyeuse. Ce lâcher-prise dans un premier temps a permis dans un second temps, une fois que ce poids a pu se déposer, qu’ils soient beaucoup plus présents pour ce que j’avais à leur proposer.
C’est vrai aussi dans le quotidien professionnel. Dernièrement, j’avais un entretien avec une personne : on s’était donné une durée d’une heure, et on avait ajouté une marge d’une demi-heure parce qu’on avait des objectifs importants à atteindre et on ne voulait pas être pris par le temps. Et puis, au fil de l’entretien, je me suis rendu compte qu’il y avait « quelque chose qui clochait », qu’il y avait autre chose qui était présent, là. J’ai fini par lâcher prise sur l’objectif : « et bien tant pis, les objectifs ne seront pas atteints, mais si on se dépêche, on va passer à côté de quelque chose qui se vit là maintenant ». En prenant le temps d’échanger, nous avons pu clarifier un souci relationnel : c’était un point essentiel à apaiser. Certes cela prenait du temps, mais si on n’avait pas pris ce temps, cela aurait pu mettre en péril les objectifs qu’on aurait atteints rapidement, trop rapidement, sans prendre en compte tous les paramètres.
J’espère que ces différentes réactions, dans différents cas de figures, seront inspirantes pour vous !